La surveillance des foules : une interview avec Peter Rakers sur la technologie

26.01.2017

La surveillance des foules est une technologie efficace pour analyser les déplacements de foule. Orange propose la surveillance des foules à ses clients par le biais de différents partenariats, dont la start-up anversoise Cropland. Nous avons discuté des possibilités offertes par cette technologie avec Peter Rakers, Data Strategist chez Cropland.

 

"Nous constatons, depuis quelques années, que les défis data auxquels sont confrontées les entreprises gagnent en importance et en complexité", explique Peter Rakers. "Notre approche de la surveillance des foules a d’ailleurs vu le jour avec un tel défi : il y a quelques années, Gert Pauwels, M2M Sales & Marketing Manager du département IoT d’Orange, a donné une présentation dans laquelle il expliquait qu’Orange possède beaucoup de données sans toujours savoir comment les exploiter. Je me trouvais dans le public et je l’ai contacté. C’est ainsi qu’a commencé notre collaboration sur la surveillance des foules et que nous fournissons aujourd’hui ensemble ces services selon la méthodologie de Cropland Analytics."

 

La surveillance des foules nous permet donc de suivre les déplacements de flux de personnes ?

"Oui et non. Nous pouvons certes suivre les déplacements des foules, mais indirectement. Il serait plus juste de dire que nous suivons les données des téléphones mobiles. En effet, votre GSM entre périodiquement en contact avec l’antenne GSM la plus proche pour signaler sa présence, ce qui vous permet d’appeler, et d’envoyer des SMS ou des données. Lorsque vous vous déplacez avec votre GSM, ce dernier entre chaque fois en contact avec une antenne différente. C’est cette présence à proximité des antennes que nous suivons."

 

Vous ne savez donc rien sur la personne qui utilise ce GSM ?

"Non, nous n’obtenons pas l’identité de l’utilisateur. Orange nous fournit des données anonymes. Nous ne savons également pas quelle carte SIM se trouve dans quel GSM, qui en est le propriétaire ni s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Au fond, nous ne voyons que les données de localisation, avec un identifiant unique par GSM. Nous pouvons par exemple constater qu’un GSM se trouve à un moment à Charleroi et 2 heures plus tard à Anvers, mais sans plus. La vie privée des utilisateurs est donc protégée et le suivi d'un appareil dans le temps et l'espace est limité au strict nécessaire."

 

Vous ne vous intéressez donc pas vraiment aux individus, mais plutôt aux grands déplacements de personnes.

"C’est exact : nos analyses ont peu de sens sur le plan individuel. Si nous voyons peu d’appareils dans une zone, nous ne leur accordons aucune importance, car les utilisateurs pourraient alors être identifiables d'une pont de vue théorique. Mais si nous détectons de nombreux appareils au même endroit, nous analysons cette foule."

 

Jusqu’à quel point vos localisations sont-elles précises ?

"Nous effectuons nos analyses par zones de 100 m sur 100 m. Le spectre de couverture d’une antenne va de plusieurs kilomètres carrés dans les Ardennes à quelques pâtés de maisons dans une ville densément peuplée. Mais même une analyse au niveau d’un bloc de maisons suffit pour la plupart des événements. Prenons les 10 Miles d’Anvers, par exemple. Dans le cadre d’un tel événement, vous cherchez avant tout à cartographier les grands flux de foules et à connaître les pics. Pour y parvenir, nous n’avons pas besoin d’une localisation au niveau de la rue."

 

Quelles sont les applications de la surveillance des foules ?

"La première application que nous avons mise en œuvre avec Orange était l’analyse de la Sinksenfoor à Anvers, en 2015. La Sinksenfoor venait de changer d’endroit : elle s’était invitée dans un lieu ouvert, où les visiteurs pouvaient entrer et sortir librement. Difficile, dans ces conditions, de compter le nombre de visiteurs avec des portiques de détection. Nous avons donc développé avec Orange un proof-of-concept pour la surveillance des foules, avec des résultats très prometteurs à la clé. Après quelques autres tests similaires, nous avons finalement signé un contrat d’un an pour la surveillance de la ville d’Anvers : nous mesurons constamment 20 sites dans la ville et suivons les grands événements. Depuis, nous avons renouvelé le contrat avec la ville d’Anvers pour 2 ans. Sur la base de cette expérience, Orange a développé un rapport standardisé, le City Monitor Report, qui permet aux villes et aux communes de se transmettre mutuellement des données intéressantes."

 

La surveillance des foules fournit donc aux villes de nombreuses informations très intéressantes.

"En effet et dans 3 domaines : la sécurité, la mobilité et le marketing urbain (ou événementiel). Sur le plan de la sécurité, nous pouvons suivre les flux de personnes presque en temps réel, n’importe où en Belgique, et interagir avec un coordinateur de sécurité. Ces informations sont inestimables lors d’événements importants, comme les feux d’artifice du Nouvel An ou les 10 Miles d’Anvers. La surveillance des foules est, en outre, très intéressante pour la mobilité. Nous avons notamment mis cette technique à la disposition du Service Public de Wallonie afin d’analyser la circulation après l’introduction de la taxe kilométrique pour les camions et de résoudre les embouteillages autour de Pairi Daiza. Ce projet a d’ailleurs remporté le Smart City Award Digital 2017 d’Agoria."

 

En quoi la surveillance des foules peut-elle faciliter le marketing urbain ?

"Accueillir un événement, tel que le Tour de France, le Tour de Flandre ou les géants de la compagnie de théâtre française Royal de Luxe, coûte beaucoup d’argent à une ville comme Anvers. Des frais que la ville considère naturellement comme un investissement : elle espère que l’horeca local et les personnes qui vivent du tourisme en tireront parti. En ce sens, la surveillance des foules aide à réaliser une analyse coût-bénéfice correctement étayée. Vous savez, par exemple, combien de touristes étrangers visitent la ville et combien de temps ils y restent."

 

Et tout ceci grâce aux signaux que les GSM envoient aux antennes à proximité. Quels sont les principaux avantages de cette méthode de surveillance des foules par rapport aux portiques de détections et aux caméras ?

"Le principal avantage réside dans le fait que la surveillance des foules est disponible partout en Belgique sans investissement, à condition que l’endroit soit couvert par le réseau d’Orange. Son autre atout est de pouvoir remonter dans le temps, puisqu’Orange sauvegarde ses données de localisation pendant un an. Lorsque le Service Public de Wallonie nous a contactés pour l’analyse de la circulation, nous avons donc pu comparer les données de localisation avant et après le 1er avril 2016, date d’entrée en vigueur de la taxe kilométrique. Les calculs pour ce project sont encore en cours."

 

La surveillance des foules n’implique-t-elle pas certains défis ?

"Elle fait bien évidemment face à des défis majeurs. Les plus importants étant les facteurs d’extrapolation différents dans chaque situation. Souvenez-vous : j’ai dit que nous ne surveillons pas les personnes, mais leur téléphone mobile. Nos clients ne s’intéressent évidemment pas aux GSM, mais à leurs propriétaires. Nous devons donc finalement transposer ce nombre de téléphones mobiles en nombre de personnes. Et cela dépend naturellement de la situation. Si des parents vont voir un spectacle de K3 avec leurs enfants, le nombre de personnes par GSM ne sera pas le même que pour le Tour de France. Nous étudions donc d’abord le public cible de chaque événement analysé avec la surveillance des foules. Nous demandons aussi aux personnes sur place de peaufiner ces extrapolations. L'interaction avec le client est, en ce sens, cruciale, car nous pouvons utiliser la connaissance relative à l'événement de manière optimale."

 

À elles seules, les données brutes sont donc inutiles. Vous avez également besoin d’expertise pour les interpréter ?

"Exactement. Vous devez toujours considérer l’activité de base. Les 10 Miles d’Anvers sont un exemple éloquent. Le départ et l’arrivée se trouvaient tous deux entre de grands immeubles à appartements, sur la rive gauche. Beaucoup de personnes étaient donc rassemblées sur un périmètre restreint pendant l’événement, mais nous avons dû en déduire le nombre de personnes qui y vivent et y travaillent quotidiennement pour connaître le véritable nombre de visiteurs aux 10 Miles. Il faut donc penser à une foule de choses en plus d'un simple calcul pour assurer une surveillance pertinente des foules."

 

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