“Il n'y a pas de recette magique en matière de travail hybride”

“Depuis la pandémie, la plupart des obstacles techniques au télétravail ont été levés, notamment au sein des PME”, note Giseline Rondeaux. Docteure en sciences de gestion à HEC Liège et chargée de recherche au LENTIC, elle est une spécialiste des NWoW, les New Ways of Working.

“En revanche, on accuse encore un certain retard dans la dimension culturelle et managériale. Car les NWoW supposent une responsabilisation, une autonomisation des personnes, et un style de management fondé sur la confiance plutôt que sur le contrôle, sur la performance – et donc l’atteinte d'objectifs – plutôt que sur la présence au bureau.”

Cette notion de responsabilisation ne va pas de soi. “D’un côté, les personnes en télétravail ne reçoivent pas forcément la pleine confiance de leur manager, qui tentera de les contacter par e-mail, puis par messagerie instantanée, et enfin par téléphone s'il n'est pas rassuré assez vite sur leur degré d’implication. De l’autre, beaucoup de télétravailleurs ont le souci d'organiser leur visibilité, par exemple en envoyant un e-mail sans véritable objet à 8 heures du matin pour dire : regardez, je suis connecté.”

La question du sens

Juste après la période des confinements, la principale préoccupation des managers était d’organiser le retour au bureau de tous les travailleurs. “Les lignes ont bougé”, souligne la chercheuse. “Les collaborateurs ont pris conscience que le télétravail n'est pas uniquement un avantage pour gagner du temps et mieux gérer leur équilibre vie privée-vie professionnelle: il leur permet de se placer dans des conditions d’efficacité optimales selon les tâches qu’ils ont à accomplir. C’est ce qu'on appelle l'activity based working.”

Une évolution qui réactive la question du sens. “Pourquoi est-ce que je viens au bureau ? Pour les contacts informels, les dynamiques collectives, la convivialité ? Il faut réfléchir en profondeur au travail hybride et à ses modes d’implémentation. C’est crucial dans la quête des talents. Si l'entreprise n’autorise pas le travail hybride, elle risque de perdre des personnes qui lui préféreront des environnements de travail dans lesquels elles se sentent plus à l'aise.”

Réalités de terrain

De nombreux outils existent pour favoriser la collaboration pendant les réunions hybrides – Orange Belgium propose ainsi des solutions de meeting room. Un dialogue doit se nouer entre collaborateurs et employeurs autour des modalités d’échange et de transmission de l’information.

“Il n'y a pas ici de recette magique”, prévient Giseline Rondeaux. “Tout dépend du contexte de l'entreprise, de sa maturité technologique, de son degré de familiarité avec ces outils. Mais aussi de son activité, du poids de la régulation dans son secteur, de la protection des données… Dans les PME, les modes de travail sont souvent plus informels, avec des personnes plus polyvalentes, une culture managériale un peu plus souple, et donc des contacts plus informels. La formalisation du télétravail doit être cohérente avec ce contexte. Les réalités du terrain doivent être le point de départ de tout.”

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